Fête du vin au vert à CENON
9 juin 2025
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🎯🎤 Merci à O2 Radio pour l’Interview avec Joël Guttmann Belle mise en lumière de notre animation : les Défis VinO’Vers Dégustation vins et insectes
On a longtemps pensé que le vin était une « affaire d’homme ». Or, depuis plusieurs années, on constate qu’heureusement, un vent nouveau souffle sur les vignes et plus généralement dans le monde du vin. Peut on parler de révolution ou de simple effet de mode?
Pendant des siècles, le rôle des femmes dans la viticulture a été largement invisibilisé, réduit à des tâches dites « d’appoint » alors qu’elles étaient pourtant essentielles. Dans de nombreuses régions viticoles, les femmes travaillaient la vigne, récoltaient les raisins et géraient les exploitations en l’absence des hommes partis à la guerre ou aux champs lointains. Pourtant, leur contribution a rarement été reconnue dans les récits officiels. Les livres d’histoire du vin ont longtemps glorifié les grandes familles, les grands noms masculins, effaçant les vigneronnes, les ouvrières, et même les pionnières qui, par leur savoir-faire et leur résilience, ont maintenu vivant tout un patrimoine viticole. Cette sous-représentation n’était pas une question d’absence de mérite, mais bien de préjugés culturels et sociaux, où l’autorité sur la terre et le vin devait rester un domaine masculin. Redonner aujourd’hui une voix à ces femmes, c’est non seulement réparer une injustice historique, mais aussi enrichir notre compréhension du vin en tant qu’œuvre collective et vivante.La place des femmes dans le monde du vin est marquée par une longue période d’invisibilité et de sous-représentation. Au même titre que beaucoup d’autres métiers, pendant des siècles, les femmes étaient reléguées à des rôles secondaires dans les vignobles. Elles étaient souvent cantonnées à la gestion domestique et à la production en arrière-plan, sans jamais être reconnues pour leur expertise.
Il a fallut attendre le XXe siècle pour que des changements significatifs aient lieu. Bien qu’il reste encore du chemin à parcourir comme nous allons le voir…
Parmi les figures féminines injustement minimisées par l’histoire officielle, Barbe-Nicole Ponsardin, plus connue sous le nom de la Veuve Clicquot, incarne un véritable modèle de résilience et d’innovation dans le monde du vin. À seulement 27 ans, elle devient veuve prématurément, et reprend en 1805 les rênes de la maison de champagne familiale. A une époque où les femmes n’avaient ni statut juridique propre ni reconnaissance dans les affaires, elle fait preuve d’innovation et développe les exportations de son champagne à travers l’Europe. Son audace, son intelligence stratégique et son exigence de qualité font d’elle l’une des premières grandes business woman de l’histoire du vin. Pourtant, son rôle a longtemps été relégué au second plan, éclipsé par l’aura masculine entourant les grandes maisons de Champagne. Aujourd’hui encore, son héritage rappelle que le vin porte en lui l’empreinte indélébile de femmes de caractère, trop souvent oubliées.
Aujourd’hui, la présence des femmes dans le monde du vin n’est plus une exception. Et heureusement!
Trop longtemps cantonnées à des rôles secondaires, elles revendiquent aujourd’hui avec force leur place légitime, que ce soit en salle, en cave ou à la tête de domaines viticoles. Dans la sommellerie, Pascaline Lepeltier, dont je vous recommande le livre Mille Vignes, a obtenu le prestigieux titre de « Meilleur Ouvrier de France » en sommellerie. Pascaline Lepeltier – MOF Sommellerie 2018
Première femme à obtenir le titre de Meilleur Ouvrier de France en sommellerie, Pascaline Lepeltier est également Master Sommelier. Militante pour une viticulture vivante et responsable, elle est reconnue pour sa vision avant-gardiste, favorisant les vins naturels et biodynamiques. Adepte des vins biologiques, naturels et biodynamiques, elle les met à l’honneur dans le restaurant Chambers (anciennement Racines NY) de New York dont elle est responsable de la cave et associée depuis 2018.
« Ce n’est pas une question de genre, mais de passion et de rigueur. Le vin est une langue universelle que chacun peut apprendre et sublimer. » Pascaline Lepeltier
De plus en plus, les femmes imposent leur expertise et redéfinissent les standards de dégustation en valorisant la diversité des terroirs et les vins issus de pratiques respectueuses de l’environnement.
Des vigneronnes telles que Claire Naudin, fervente défenseure de pratiques viticoles durables en Bourgogne, ou Elisabetta Foradori dans le Trentin en Italie, symbole de la biodynamie et de la renaissance des cépages autochtones, mènent une révolution silencieuse mais déterminée. Elles inventent de nouveaux modèles de production, plus audacieux, plus engagés, mettant en avant la singularité des terroirs et des cépages oubliés.
Les chiffres confirment cette dynamique : en France, 31 % des exploitants viticoles sont des femmes, et elles représentent également un tiers des œnologues. De plus, 50 % des étudiants en œnologie sont aujourd’hui des femmes, témoignant d’un avenir prometteur pour la parité dans le secteur.
Cependant, malgré ces avancées, les femmes restent sous-représentées aux postes de direction. Elles doivent encore souvent faire leurs preuves davantage que leurs homologues masculins pour accéder à des responsabilités équivalentes.
À Bordeaux, des figures telles que Véronique Barthe, propriétaire du Château La Freynelle depuis 1991, illustrent cette évolution. Véronique est l’une des rares femmes à avoir repris seule un domaine familial dans les années 90 à Bordeaux. Récompensée à plusieurs reprises, elle incarne la ténacité et l’innovation au féminin. Elle vient de remporter des médailles pour ses vins dans le cadre du Concours Général de Paris 2025.
« Je n’ai jamais considéré que le vin était réservé aux hommes. Il est réservé aux passionnés. » – Véronique Barthe
De même, Laetitia Mauriac, à la tête du Château La Levrette, a su imposer sa vision et son savoir-faire dans le Blayais ( Gironde ).
Leur engagement va au-delà du vin lui-même ; elles participent à changer la culture du pouvoir dans cette industrie encore imprégnée de traditions masculines, ouvrant ainsi la voie à une génération future qui n’aura plus à « conquérir » sa place, mais simplement à la vivre pleinement.
Issue de la célèbre famille de l’écrivain François Mauriac, Laétitia Mauriac incarne une nouvelle génération de vigneronnes bordelaises qui allient respect de la tradition et regard contemporain. En reprenant le Château la Levrette, domaine familial situé en Côtes de Bourg ( Gironde), elle a su imposer sa vision d’une viticulture engagée, attentive au terroir et aux enjeux environnementaux. Avec passion, elle modernise les pratiques sans jamais trahir l’âme de ses vins, en mettant l’accent sur la qualité, la finesse et l’élégance. Laetitia Mauriac représente cette énergie féminine qui redonne un souffle nouveau aux appellations bordelaises, trop longtemps considérées comme des bastions masculins. Par son parcours et sa détermination, elle prouve que l’avenir du vin passe aussi par des voix féminines fortes, audacieuses et résolument tournées vers l’excellence.
Malgré les avancées significatives, les défis auxquels font face les femmes dans l’industrie du vin restent bien réels. En 2025, elles représentent environ 30 % des exploitants viticoles en France, mais occupent encore moins de 20 % des postes de direction dans les grands groupes viticoles internationaux. Les disparités salariales persistent : selon une étude menée par l’Organisation Internationale de la Vigne et du Vin (OIV), les femmes gagnent en moyenne 15 à 20 % de moins que leurs homologues masculins dans les métiers du vin, à poste équivalent.
La reconnaissance des compétences reste également un combat. Alors même que plus de 50 % des étudiants en œnologie et des inscrits aux certifications WSET sont aujourd’hui des femmes, leur accès aux postes stratégiques – direction de châteaux, cheffes sommelières de grands établissements, consultants de renom – reste limité par des biais tenaces et un réseau professionnel historiquement masculin. Certaines grandes figures comme Caroline Frey (Château La Lagune, Bordeaux) ou Saskia de Rothschild (Château Lafite Rothschild) montrent que l’ascension est possible, même dans des environnements particulièrement traditionnels.
Saskia de Rothschild, diplômée d’HEC Paris et de l’université Columbia de New York, est devenue en 2018, à seulement 31 ans, la première femme et la plus jeune présidente à la tête de Domaines Barons de Rothschild (Lafite). Forte d’une vision moderne, elle a insufflé un nouvel élan au sein de cette institution mythique, en mettant notamment l’accent sur la transition écologique et la valorisation des femmes dans les équipes viticoles. Son parcours illustre que la relève féminine, même dans les maisons les plus emblématiques, est désormais en marche.
À titre de comparaison, dans certaines régions du Nouveau Monde, comme la Californie, les femmes ont su s’imposer plus rapidement. Aujourd’hui, près de 35 % des domaines viticoles californiens sont dirigés ou co-dirigés par des femmes, selon le rapport 2024 de Women of the Vine & Spirits. La culture entrepreneuriale plus souple et l’engagement précoce en faveur de la diversité ont permis aux femmes de gravir les échelons avec davantage de reconnaissance et de soutien institutionnel. Cette dynamique prouve qu’un modèle plus équitable est non seulement possible, mais qu’il enrichit profondément la créativité et la vitalité du monde du vin.
Face à ces constats, de nouvelles initiatives fleurissent : programmes de mentorat dédiés aux femmes du vin, chartes de parité signées par des syndicats viticoles, associations comme Women Do Wine qui militent pour plus de visibilité des professionnelles, et prix spécifiques pour récompenser les talents féminins. L’accent est désormais mis sur la création d’un environnement vraiment inclusif et respectueux, où chaque femme diplômée du WSET 3 peut non seulement réussir, mais aussi devenir un modèle. Cette dynamique vise à inspirer les générations futures, afin qu’elles puissent embrasser leur passion pour le vin sans limites ni préjugés, dans une industrie qui se veut de plus en plus ouverte, diverse et égalitaire.
D’autres régions du monde, comme l’Afrique du Sud, l’Argentine / Chili ou la Nouvelle-Zélande, montrent également que l’intégration des femmes dans la viticulture est une réalité en pleine expansion. De Andrea Mullineux à Susana Balbo, ces femmes inspirent un renouvellement des pratiques et des mentalités, démontrant que la diversité est une richesse pour l’avenir du vin.
Après la fin de l’apartheid, l’industrie viticole sud-africaine a amorcé un important tournant vers plus de diversité. Aujourd’hui, près de 30 % des caves sud-africaines comptent des femmes dans leurs équipes dirigeantes, soutenues par des initiatives comme The Women in Wine Initiative. Des figures inspirantes comme Andrea Mullineux et Ntsiki Biyela, première femme noire œnologue du pays, ont contribué à ouvrir la voie, prouvant que le talent féminin transforme en profondeur le paysage viticole sud-africain.
En Argentine, plus de 25 % des œnologues sont des femmes, avec des figures de proue comme Susana Balbo, première femme diplômée en œnologie du pays, qui a contribué à ouvrir la voie dans une industrie autrefois très masculine.
Au Chili, la progression est également notable : 20 % des œnologues sont des femmes, portées par des talents comme Margarita Letelier et Viviana Navarrete, qui participent activement au renouvellement de la scène viticole chilienne.
En Nouvelle-Zélande, la filière viticole se distingue par son ouverture : près de 35 % des postes de winemakers sont aujourd’hui occupés par des femmes. Des vigneronnes comme Helen Masters (Ata Rangi) et Nadine Cross (Cloudy Bay) jouent un rôle essentiel dans l’essor qualitatif du pays, prouvant que l’équilibre des genres contribue directement à l’innovation et à l’excellence des vins néo-zélandais.
La dégustation ça s’apprend! Découvrez notre rubrique dans laquelle on vous explique comment suivre notre atelier l’initiation à la dégustation
L’avenir du vin s’annonce riche des talents féminins qui, partout dans le monde, façonnent une industrie plus ouverte, plus créative et plus consciente de ses responsabilités. Forte de son expertise et de sa passion, une nouvelle génération de femmes bouscule les traditions, impose de nouveaux standards d’excellence et inspire un profond renouvellement. Si des défis subsistent, l’élan est irréversible : le vin de demain portera sans aucun doute l’empreinte vibrante de celles qui osent, innovent et réinventent ce monde d’exception.
J’aimerais finir sur cette phrase de Susana Balbo « Être une femme dans le vin, c’est apprendre à transformer chaque obstacle en une opportunité de créer quelque chose de meilleur. »
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